Le vertige de la prise de parole en public !

“Ce fut la peur qui le rendit courageux.”
Ovide

Vous ne vous sentez pas vraiment dans la peau d’un héros quand vous êtes sur le point de prendre la parole en public..
Alors qu’un saut en parachute ? Vous y allez avec enthousiasme ! Un tour en montgolfière ? Que du bonheur ! Un baptême de plongée ? Vous n’attendiez que ça ! Une initiation à la spéléologie ? Pourquoi pas ?
Mais parler en public ?!! … Aïe !!! Voilà l’épreuve ultime, le risque fou, le vertige suprême !!! Et pour cause, car tous les yeux vont se tourner vers vous, toutes les oreilles vont se tendre dans votre direction…. Vous allez vous sentir regardé à la loupe, scanné, déshabillé, bref vous allez vous sentir tout nu…Et comment parler à un public quand on est nu devant lui ? Comment s’exprimer clairement ? Comment faire passer son message ? Comment remporter l’adhésion ?

Peut-être vous rendrez vous compte déjà, si vous prenez un peu de recul, que ce qui est beau chez vous, ce sont ces quelques questions qui tournent dans votre tête, et qui révèlent votre envie de bien faire… Imaginez que votre enfant veuille à tout prix réussir la prochaine dictée prévue par la maîtresse… Et qu’il tourne en rond, avec la peur au ventre, et vous exprime ses doutes. Vous savez qu’il s’est préparé pour cette dictée avec tout son cœur et vous n’aurez pas l’idée de l’engueuler parce qu’il « se met dans tous ses états ». Au contraire, vous le rassurerez, le prendrez dans vos bras, lui chuchoterez que vous croyez en lui, et lui direz que même s’il « rate », il aura fait de son mieux…et que c’est cela qui compte ; en revanche, quand c’est de vous qu’il s’agit, vous n’en finissez pas de vous maltraiter : « mais pourquoi je me mets dans un état pareil ? C’est vraiment n’importe quoi ! ». A votre avis, est-ce que cela va booster votre confiance en vous, ou est-ce que cela va la bloquer ?… Puisque vous connaissez déjà la réponse, demandez- vous ce qui se passerait en vous si vous vous traitiez comme vous traitez votre propre enfant…

Alors oui, ce qui est beau en vous, c’est votre désir de bien faire…

Le souci c’est que plus votre désir de bien faire est fort, plus le trac monte… et plus l’enjeu est important, plus la peur grandit…

Alors quoi ? Ignorer cette peur et passer en force ? Vous risquez, entre autres, de parler trop vite pour vous débarrasser de la corvée, ou de débiter votre texte en regardant fixement dans le vague pour ne pas vous confronter aux regards.

Bon…. Alors refiler votre discours à votre collaborateur (trice) ?
 La peur que l’on évite se transforme en panique, la peur que l’on affronte se transforme en courage.  Giorgio Nardone.
Si vous avez délégué votre prise de parole à quelqu’un, pensez donc à la prochaine fois, où là, vous serez obligé de parler, vous, et vous seulement…. Jusqu’à quel point aura grandi votre peur depuis la dernière fois où vous l’avez évitée ?

La peur est pourtant notre alliée :
 La peur est une émotion naturelle fondamentale pour l’adaptation des êtres humains et des animaux à leur environnement. Sans une dose de peur naturelle il n’y aurait pas de survie car la peur est la réaction qui nous alerte en présence de réels dangers, et nous permet de faire face à ces situations après les avoir reconnues comme dangereuses. Giorgio Nardone

Effectivement notre corps grâce à un apport de cortisol gagne en énergie, nos bronches se dilatent, notre pression artérielle augmente, notre cœur bat plus vite. Tout est mis en place pour faire face à la situation et agir.

 Pourtant lorsque la peur dépasse un certain seuil elle nous bloque et nous rend incapable de réagir de façon adaptée aux évènements. Ainsi la différence entre la peur émotion naturelle utile, et la peur, réaction pathologique réside dans le fait que la première augmente notre capacité à gérer notre réalité, alors que la seconde peut aller jusqu’à bloquer cette capacité nous enchaînant au cœur de la prison de la panique. Giorgio Nardone

Cette « peur panique » se manifeste différemment selon les individus.

Parfois l’énergie envoyée par notre corps est si forte que l’on ne peut pas s’empêcher de gigoter, ou de trembler…on ne tient pas en place. La fébrilité que nous confère cet apport d’énergie peut également se présenter sous la forme d’un enthousiasme un peu forcé, un peu « surjoué »… L’oxygène supplémentaire dans les bronches nous encombre et nous avons alors tendance à retenir notre respiration, ce qui rend la voix étranglée, ou faible, ou différente de notre voix de tous les jours.

On peut aussi se mettre en « mode combat » comme si le public en face de nous était un féroce prédateur… C’était adapté au temps des hommes préhistoriques, mais ça l’est moins à notre époque, et notamment en entreprise, car si nous adoptons le » mode combat » nous devenons agressif, et le public mal à l’aise, devient hostile à son tour.

Nous pouvons aussi décider inconsciemment de nous « anesthésier », pour nous couper de nos émotions, ce qui nous permet de ne pas avoir à nous confronter à la peur. Malheureusement, quand nous nous coupons de nos émotions désagréables, nous nous coupons également de nos émotions porteuses, comme le plaisir de parler de ce qui nous passionne, l’envie de convaincre. Et nous n’avons plus accès aux modulations, aux inflexions différentes qui colorent naturellement notre voix quand nous sommes pleinement présents à ce que nous disons. Sans cette force de conviction qui nous anime tout entier, notre voix devient monocorde, et le public s’ennuie…

Un autre façon de réagir encore, c’est d’employer toute cette énergie en plus pour se retenir d’agir. En d’autres mots : se paralyser, devenir muet, comme si la seule façon de s’en sortir serait de « faire le mort ». Comportement que l’on retrouve fréquemment en cas de réel danger de mort, et qui là, est vraiment adapté à la situation : devant cette urgence, notre corps se met en « mode survie » et se paralyse, nous dissociant par la même occasion, de la douleur et de la peur. Face à un animal dangereux, par exemple, si on ne bouge pas, il y a une chance qu’il ne nous remarque pas. Ou face à un être humain qui nous agresse, il y a une chance de rester vivant en ne lui résistant pas…
Vous aurez compris que pour la prise de parole, ces stratégies (et il y en a beaucoup d’autres) sont inadaptées et renforcent le trac pour la prochaine fois…

Il existe plusieurs façons d’accueillir cette peur et de l’accompagner, pour mieux la canaliser. Maîtrisée, elle se transforme en attention vigilante et en concentration, et nous permet parfois de réussir bien au-delà de ce que nous avions imaginé, de dépasser nos propres limites…

Le premier moyen que je vais évoquer est l’entraînement.

L’entraînement à une respiration particulière, l’entraînement à la relaxation, et également l’entraînement à certaines techniques pures de prise de parole qui vous permettront d’accéder à la juste posture d’orateur. Il est tout à fait possible de savoir comment jouer de notre instrument, sachant que notre instrument est notre propre corps. De savoir comment se tenir, comment mettre en congruence notre corps notre voix et notre message, comment poser la voix, comment porter le regard et oser ce regard, comment entrer en interaction avec l’auditoire, comment créer des silences, cette arme extraordinaire de la prise de parole en public. Ici, pas de secret, entraînement, entraînement, entraînement, et déjà vous vous serez ouvert beaucoup de portes.

Le deuxième moyen, c’est de travailler sur le « film » que vous vous faites de la prise de parole. Sur le film que vous vous faites à propos de votre incapacité à parler devant un public. Ce film est votre réalité, pas forcément celle d’un d’autre. De la même manière que si un saut en parachute ne vous fait pas peur, le film que vous vous faites de cette discipline est votre réalité, pas forcément celle de tout le monde. Pourquoi certains ont-ils plus peur de la prise de parole que d’un saut en parachute ? Et inversement ? Quelle histoire vous racontez-vous qui crée cette réalité pour vous ? Et comment vous raconter une autre histoire pour accéder à une autre réalité ? Et avec elle, à une autre émotion, beaucoup plus porteuse ?
C’est là où intervient l’hypnose, où elle s’ajuste au scenario que vous vous êtes construit, pour mieux le transformer… (cf précédents articles sur l’hypnose sur hypnose-paris18.com)

Si l’on couple ces deux moyens, apprendre et s’entraîner aux techniques de la prise de parole, et transformer votre regard sur elle, ce nouvel enseignement et ce nouveau regard vont s’automatiser et devenir complètement naturels. Si vous y songez, quand vous avez appris à marcher, petit bébé, vous avez dû vous concentrer sur la maîtrise de vos muscles et de votre équilibre. Puis sans même en prendre conscience, la marche vous est devenue naturelle, au point qu’aujourd’hui vous marchez sans même y penser…

Il vous appartient de choisir de déjouer ce que vous croyez être une « fatalité », ou une absence de don naturel. Il vous appartient de choisir de devenir un véritable orateur. Et, cerise sur le gâteau, d’y prendre du plaisir !