Grâce à Michel Gazzaniga, neuroscientifique et directeur du SAGE , Center for the study of the Mind, à l’université de Californie, nous savons maintenant qu’une part de notre inconscient donne un sens à chacune de nos actions :  raison pour laquelle ce neuroscientifique l’a surnommée” l’interprète”.

Pour comprendre comment ses expériences l’ont mené à cette conclusion, rappelons nous que notre cerveau est divisé en deux moitiés, deux “hémisphères, reliés par un corps calleux constitué de milliers de fibres nerveuses. Touts les perceptions sensorielles (tout ce que nous voyons, entendons, etc..) provenant du côté gauche sont envoyées à l’hémisphère droit, pendant que celles provenant du côté droit sont envoyées à l’hémisphère gauche.

Michel Gazzaniga s’est demandé ce qu’il se passerait si le corps calleux qui fait le “pont” entre les deux hémisphères était coupé, isolant chaque hémisphère, exactement comme si un pont cassé entre deux routes interdisait toute circulation. Il a donc mis en place cette expérience, avec le concours de personnes ayant été opérées et dont le corps calleux a été sectionné.

Il demande à l’une de ces personnes, au cours d’une expérience, de focaliser son regard et son attention sur le centre d’un écran. C’est alors que le mot “sortez,  diffusé extrêmement rapidement à la gauche de l’écran, est perçu par l’hémisphère droit, conformément à la transmission des informations décrite un peu plus haut. En revanche, comme la liaison entre les deux hémisphères est coupée, l’hémisphère droit est effectivement capable de lire et de comprendre la demande (“sortez”) mais il ne peut ni la formuler,  ni faire passer l’instruction de cette demande à l’hémisphère gauche. Que se passe-t-il alors ? La personne se lève et va vers la sortie. Quand on lui demande où elle va, celle-ci répond qu’elle a soif et va se chercher à boire.

Logiquement, on aurait pu s’attendre à ce que l’hémisphère gauche, qui ne peut pas relier l’action de se lever et de partir,  à l’ordre : “sortez”, logiquement on aurait pu s’attendre à ce que cet hémisphère réponde ‘je ne sais pas”. Eh bien non ! Celui ci invente, s’invente une histoire, et il est lui-même tout à fait persuadé de sa véracité. L’histoire inventée justifie son comportement et le rend cohérent.

Ce genre d’expérimentation met en relief le fait que chacun d’entre nous, a quelque part, dans son hémisphère gauche, une sorte de  programme inconscient qui “interprète” tous nos agissements pour leur donner un sens, et que notre cerveau sait les justifier très rapidement, et mettre  des mots dessus.

Pour Michel Gazzaniga cet “interprète” nous permet de croire en ce doux  leurre que chacun de nos actes  a un sens, et que nous sommes donc cohérent avec nous même.